La langue, le langage et les mots

Nency et Jean-Michel, ce débat vous appartient. J'ai eu tort de vouloir l'annuler. Il vous appartient tellement que je me tais , pour vous laisser en poser les termes.

Avec Nency, nous souhaitions d’abord rappeler, succinctement, la distinction entre le langage, la langue et la parole, que l’on doit à Ferdinand de Saussure.
Le langage est une fonction humaine, cette capacité universelle qu’à l’humain de pouvoir communiquer.
La langue, c’est l’outil qui permet de communiquer. Elle est commune à un groupe de personnes et nécessite un apprentissage. C’est un système complexe réunissant un ensemble de mots (le lexique) et un ensemble de règles de fonctionnement (la Grammaire, au sens large).
Quant à la parole, elle n’est que l’utilisation concrète de la langue, propre à chaque individu, sa manière d’utiliser l’outil.
De nombreuses questions peuvent structurer ce sujet, à vous de vous en emparer … ou d’en proposer d’autres …

- Suffit-il de parler la même langue pour se faire comprendre ?
- La langue demeure-t-elle un instrument de pouvoir ?
- Les mots peuvent-ils nous faire grandir ? Nous sauver ? Nous détruire ?
- Comment nous situons-nous par rapport aux changement ou aux évolutions qui touchent notre langue ?
- Quels sont nos mots préférés ? Ceux que nous détestons ? Ceux qui nous font rire, pleurer ou rêver?

1- suffit-il de parler la même langue pour se faire comprendre ?

OUI si nous appartenons au même milieu socio-culturel, avec un même référentiel de valeur (dans le sens ethnologique). La formation du sens du langage et donc de la conceptualisation de son environnement se fait durant l'enfance par l'incitation des parents d'abord et ensuite par les échanges extérieurs. Les niveaux de pratiques de la langue de ces deux sources conditionnent l'usage future du verbe. Les milieux socio-culturels proches utilisent des langages proches.
NON si le langage utilisé appartient à une particularité spécifique à un domaine tel que professionnel, ou scientifique ou technique.
NON Si le système de valeurs engendré par le milieu socio-culturel diffère, le langage, bien qu'il s'agisse de la même langue, ne contient pas les mêmes concept et il y a incompréhension.
Pour moi les mots qui servent à bâtir le langage, sont comme des sacs, et comme la richesse, certains possèdent beaucoup de sacs, et d'autres, comme la pauvreté en possèdent beaucoup moins. Ce qui accentue encore les écarts c'est que les sacs ne sont pas remplis de la même manière, certains peuvent remplir leur sac pleinement d'autres n'en ont pas l'occasion. Donc la signification d'un mot pour l'un est riche, varié, subtil et pour d'autre à peine compréhensible. Le discours de l'un fatiguera vite l'oreille du second.
NON si nous introduisons certains facteurs psychologiques de refus et de démotivation.

2- La langue demeure-t-elle un instrument de pouvoir ?

OUI, à l'évidence, la maitrise du langage et de la rhétorique permet de convaincre. L'art de l'argumentation même fallacieuse (sophisme) facilite les prises de pouvoirs, surtout démocratique. D'ailleurs l'histoire ne retient souvent que les grands orateurs qui il est souvent vrai qu'ils étaient de grands politiques.
Ceci me parait vrai, aussi, en terme d'économie. Un bon vendeur est un bon parleur, ce qui constitue un pouvoir sur l'acheteur.
Et que dire du pouvoir des gourous de toute nature (officiels ou pas) qui n'ont comme arme que leur parole.?
Il faut aussi parler du pouvoir de ceux qui distribuent le savoir. Ils transmettent leurs connaissances grâce au pouvoir de la pratique de leur langage.

3- Les mots peuvent-ils nous faire grandir ? Nous sauver ? Nous détruire ?

OUI Nous rejoignons ici le point 2. le discours d'un bon prêcheur peut vous faire grandir, voir vous sauver.
Les mots d'encouragements, les mots de félicitations, les mots d'amours, les mots rassurants, les mots de libération, les mots d'accompagnement, les mots d'aide, les mots de confiance, les mots de vérité, voilà des mots qui font grandir, qui sauvent.
Les mots de haine, de racisme, de rabaissement, de rejet, d'indifférence, de mensonge, voilà ce qui peut vous détruire.

4- Comment nous situons-nous par rapport aux changement ou aux évolutions qui touchent notre langue ?

Je ne sais comment répondre à cela ! Je pense seulement que l'offre de littérature n'a jamais été aussi grande qu'aujourd'hui . Malgré l'apparition de termes franglais dans le langage "bobo" , la langue française reste solide, riche et n'est pas prête de s'affaiblir.

5- Quels sont nos mots préférés ? Ceux que nous détestons ? Ceux qui nous font rire, pleurer ou rêver?


Il faudrait une après midi complète pour répondre.
Nous avons tous la manie de certains mots.
j'ai plein de mots que j'aime : je t'aime, humanité, tendresse.
Je déteste beaucoup de mots, les deux premier : mourir et souffrir
Ceux qui me font rêver : aventure, nature, création

Pour terminer un philosophe a dit (je ne me souviens plus de son nom)
"La parole est mon royaume et je n’en ai pas honte ».

Pour Platon (très simplement)
« Connaître les noms, c’est connaître la nature des choses »